Dans le domaine de la mode éco responsable, le choix de ton label textile et de tes certifications sont devenus des repères essentiels pour les marques et les consommateurs soucieux de faire des choix plus respectueux de l’environnement et des conditions de travail.
Néanmoins, face à une multitude de labels et de certifications, je suis sûr que tu as du mal à t’y retrouver. Entre les labels fiables, ceux qui sont limités et ceux qui cachent des pratiques de greenwashing, toi qui veux faire les choses bien avec ta marque, tu ne sais plus comment t’y prendre…
Rassure-toi, dans cet article, je vais te présenter les principaux labels auxquels tu peux faire confiance, puis je te donnerais ma méthode pour choisir des labels qui respectent les valeurs éthiques de ta marque.
Les différents types de label textile et certifications
Les labels du coton bio
Le coton est une fibre très consommatrice d’eau et qui demande beaucoup de pesticides pour sa culture. Et oui, d’après le livre Fashion de Catherine Dauriac la culture du coton représente 22% des pesticides mondiaux… alors qu’elle n’occupe que 2,5% des terres cultivées.

Pour limiter ses effets négatifs, il faut donc choisir du coton certifié par des labels fiables comme :
- Le Global Organic Textile Standard (GOTS) : C’est le label qui est le plus fiable et complet actuellement sur le marché, il permet la vérification de l’aspect Bio (ils certifient aussi d’autres fibres comme la soie et le chanvre) du tissu, ainsi que la bonne gestion écologique des eaux usées, et surtout le respect des conditions de travail pour les ouvriers.
- L’Organic Content Standard (OCS) est un label qui permet de vérifier que c’est bien du coton bio. Il existe plusieurs niveaux : l’OCS blended qui garantit seulement 5% de fibre biologique, et l’OCS 100 qui garantit au minimum 95% de fibre biologique.
- Le Better Cotton Initiative (BCI) : est une association qui vise à améliorer les conditions sociales et environnementales de la culture du coton bio. Néanmoins, comme nous le verrons plus tard dans cet article, ils ont été controversés dans leur approche.
Ces labels garantissent une production Bio, mais ils ne garantissent pas une culture irréprochable en termes écologiques. Le coton reste une fibre qui a un fort impact carbone, car même en étant Bio il demande beaucoup d’eau et utilise de grands espaces qui nuisent à la biodiversité.
Je conseille donc toujours à mes clients quand leurs produits s’y prêtent, de choisir le lin pour leur collection éco responsable. Le lin est par essence une fibre écologique même quand il n’est pas Bio car sa culture demande très peu d’eau, et très peu de pesticides. En moyenne, il demande 5 fois moins d’engrais et de pesticides que la culture du coton.
Si tu veux être encore plus irréprochable en termes d’écologie, tu peux aussi choisir un lin certifié Masters of Linen qui garantit une fabrication 100 % européenne ou encore, le label EUROPEAN FLAX® qui vérifie la traçabilité de toute la chaîne de production pour garantir une fabrication européenne. Le label GOTS s’applique comme je te le disais également au lin, et garantie que celui-ci soit BIO (mais cela reste encore assez peu développé pour le lin).
Les labels des matières artificielles
La 2ème catégorie de label textile à connaître est celle qui certifie les matières dites artificielles. Une fibre artificielle se fabrique en extrayant un composé naturel (souvent de la pulpe de bois : bambou, eucalyptus…) que l’on va transformer chimiquement grâce à des solvants.

Une des matières artificielles la plus connue est la viscose. On la vend souvent comme écologique en présentant un produit fait à base de bambou, alors qu’en réalité cette fibre pose beaucoup de problèmes car sa transformation chimique est très polluante et dangereuse pour la santé des citoyens qui vivent à proximité des usines.
Afin d’aborder ces problématiques plusieurs labels ont été inventés pour rendre cette fibre plus écologique :
- La viscose certifiée Ecovero est une matière inventée par l’entreprise Lenzing®. La pulpe de bois utilisée pour créer la fibre est issue de forêts durables, certifiées FSC (Forest Stewardship Council) ou PEFC (Pan European Forest Certification). Elle garantit également la traçabilité des forêts où elle extrait ses composants. L’utilisation d’eau et d’énergie est réduite de 50% par rapport à un procédé standard de viscose. C’est aussi une fibre biodégradable !
- Le lyocell ou tencel est une fibre certifiée qui utilise un solvant chimique non toxique dans son processus de fabrication. De plus, plus de 90% du solvant est récupéré dans un bac pour être réutilisé. Il utilise alors 5 fois moins d’eau que pour la production de coton. Dernier point positif, le lyocell est issu de forêts durables européennes.
Les labels des matières synthétiques
La dernière bête noire des marques éthique : c’est la fibre synthétique (polyester, acrylique, nylon…). Les matières artificielles sont des polymères (bonjour le plastique) faits à partir de composés chimiques tels que des solvants, de la soude, des acides, et du pétrole.
Outre le fait que ces fibres épuisent nos ressources naturelles, elles sont aussi néfastes en termes de pollution puisque d’après l’ADEME, 1400 tonnes de microparticules de plastique sont rejetées dans les océans après chaque lavage de nos vêtements synthétiques.
Il y a donc plusieurs procédés qui ont été mis en place pour réduire son impact, voici une liste non exhaustive de label textile que j’ai pu repérer :
- Le Global Reycled Standard (GRS) est un label qui permet de proposer des produits à base de fibre recyclée. Il garantit un minimum de 50% de fibre recyclée, le respect des normes internationales sociales, le respect de normes environnementales et la mise en place d’un système de gestion des produits chimiques.
- Le cradle to cradle est un label qui a pour objectif de faire que les déchets soient limités en les recyclant et en réduisant l’utilisation de ressources : gestion de l’eau, utilisation de matières renouvelables, matériaux non toxiques, réutilisation des déchets industriels… Le label se décline en 5 niveaux différents, du moins exigeant au plus exigeant.
Même si ces labels garantissent un textile plus éco responsable, ils n’enlèvent pas la problématique du relargage de microparticules de plastique, qui devient de plus en plus inquiétant. Je préconise donc toujours, d’utiliser en priorité des matières naturelles, et d’utiliser du synthétique uniquement pour des produits techniques dont l’usage nous y oblige.
La liste des labels que je viens de te présenter n’est pas exhaustive. Tu risques de découvrir un bon nombre de labels et malheureusement cela ne garantira pas que ton textile soit éco responsable, c’est ce que nous allons découvrir dans la suite de l’article.
Des labels pas toujours si durables
Attention aux limites du label textile Oeko-Tex
Le label OEKO-TEX 100 qui est souvent très plébiscité par les fournisseurs permet de vérifier qu’il n’y a pas de présence de produits chimiques dangereux sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
Ce label est donné pour un an, et son authenticité peut être directement vérifiée sur le site d’OEKO-TEX. Attention, ce label à ses limites, dans le sens où il ne vérifie que le côté substances nocives pour la santé de l’homme, mais ne prend pas en compte les aspects environnemental et social.
Si tu veux prendre en compte ces aspects, il faudra te tourner vers un autre label appelé OEKO-TEX made in green, mais qui est beaucoup moins développé actuellement.
Attention aux cas de greenwashing : les faux labels textiles
Dans un marché où les consommateurs sont de plus en plus attentifs à l’impact environnemental de leurs achats, certaines marques n’hésitent pas à créer leurs propres labels pour donner l’illusion d’être éco responsables.

C’est le cas de Boohoo avec sa collection “Ready for the Future » qui a créé son propre label. D’après une étude du journal The Independent une centaine de modèles labellisés ne respectaient pas les propres standards environnementaux fixés par Boohoo.
Mais il n’y a pas que les marques qui trichent… Le label Better Cotton est supposé soutenir les producteurs de coton bio tout en protégeant l’environnement. Pourtant, plusieurs plantations de coton au Brésil, approvisionnant des géants de la mode comme Inditex (Zara, Pull & Bear, Bershka…) et H&M, ont été accusées par l’ONG britannique Earthsight de ne pas respecter la charte du label. Déforestation illégale, usage massif de pesticides, et expulsion des populations locales sont autant de pratiques en contradiction totale avec les valeurs prônées par ce label.
Pour éviter le greenwashing, il est donc essentiel de se tourner vers des labels contrôlés par des organismes indépendants, et non par les marques elles-mêmes, afin de garantir une véritable transparence.
Vérifie ton label textile
En tant que marque de mode, tu dois te prémunir contre les risques de greenwashing en t’assurant que les labels proposés par les fournisseurs sont fiables et transparents pour pouvoir transmettre les bonnes informations à tes clients sur tes supports de communication et les étiquettes de tes vêtements. Un client préféra toujours que tu fasses preuve de transparence sur la provenance, les labels et la composition de tes produits, plutôt que de découvrir plus tard via un scandale médiatique qu’en fait tu n’étais pas allé voir en détail la traçabilité de tes produits et que tu lui as menti.

Pour cela, commence par faire des recherches approfondies :
- Qui est à l’origine de ce label textile ?
- Quels sont ses critères d’entrée ?
- Ces critères sont-ils validés par un organisme indépendant ?
Demande également aux fournisseurs de te donner les certificats correspondants, car certains produits peuvent avoir été labellisés par le passé, mais ne plus l’être aujourd’hui (cela leur coûte de l’argent de se faire certifier, donc certains fournisseurs font l’impasse et dupent leur client).
Enfin, n’hésite pas à réaliser des audits directement chez les fournisseurs pour vérifier de visu que leurs pratiques respectent bien les normes qu’ils annoncent. Cette vigilance est essentielle pour garantir que ta marque reste alignée avec ses valeurs éthiques et environnementales.
Choisir le bon label textile pour sa marque ne se limite pas à écouter les fournisseurs te faire de belles promesses marketing.
Tu dois être en vigilance constante pour vérifier la fiabilité des certifications. Les labels peuvent en effet être des alliés précieux pour réduire l’impact environnemental et social de la mode, à condition de choisir ceux qui sont réellement rigoureux et transparents.
Face à la complexité des labels et aux risques de greenwashing, il est essentiel de mener tes propres recherches, de demander des certificats et d’auditer les fournisseurs pour garantir que tes collections reflètent les valeurs éthiques que tu défends.
Et si tu te sens encore un peu perdu, et que tu voudrais aller plus loin dans ton engagement avec ta marque, j’ai créé l’audit mode durable où je te guide pour mettre en place la stratégie RSE. On prend un mois pour reposer les bases et définir un plan d’action atteignable selon tes moyens et tes valeurs. Choisir les bons labels pour tes matières en fait donc partie.


