Vous commencez à être au clair sur votre projet de création de marque de mode éthique. Vous avez compris les différentes étapes pour créer un vêtement, et vous avez donc besoin de vous adresser à une modéliste pour qu’elle imagine vos modèles.
Vous commencez à dessiner vos idées sur le papier, et vous les envoyez à un bureau d’études pour développer vos modèles. Et c’est là qu’on vous demande une fiche technique… Vous pensiez enfin avoir compris toutes les étapes mais vous avez oublié cet élément crucial.
Dans cet article, je vais vous apprendre pas à pas comment se construit une fiche technique professionnelle qui va permettre à un bureau d’études ou à une modéliste de développer les patrons de vos modèles.
Qu’est-ce que la fiche technique d’un vêtement ?
Définition de la fiche technique
Une fiche technique est un document synthétique qui rassemble toutes les informations pour faire développer un vêtement de manière industrielle.
C’est en quelque sorte la carte d’identité du vêtement. On peut donc y retrouver toutes les infos dont on a besoin, comme son nom, sa taille (= gradation en S, M…), sa photo (=dessin noir et blanc) et ainsi de suite…
Cette fiche technique, réalisée par la styliste, s’inscrit de manière plus large dans un dossier technique (appelé aussi « techpack) qui sera complété par la modéliste.
On peut le comparer à la notice de montage d’un meuble, il va permettre de comprendre toutes les étapes à suivre pour monter le vêtement correctement. Le dossier technique comprend la fiche technique, le plan de coupe, la nomenclature détaillée, des détails sur les labels, des détails sur les éléments imprimés et un tableau de mesure.
Ci-dessous vous trouverez un exemple de fiche technique que j’ai réalisée pour une collection nomée Tulips and Flowers.
Les composantes d’une fiche technique
La fiche technique se construit en général en 4 parties :
- Partie 1 : le dessin technique, avec des flèches qui expliquent en détail le modèle par exemple quel type de col on souhaite, quel type d’emmanchure…
- Partie 2 : la nomenclature, qui détaille les différentes matières utilisées ainsi que les fournitures (taille, couleur et quantité)
- Partie 3 : les déclinaisons couleurs, avec le croquis du vêtement en couleur ainsi que le code Pantone choisi.
- Partie 4 : les annexes, qui comprennent différents éléments comme une idée du volume souhaité grâce à un dessin ou une photo, des zooms et une vue de l’intérieur si besoin.
- Partie 5 : les détails d’infographies, par exemple s’il y a un motif à imprimer, un logo brodé, ou encore une étiquette à développer…
À quoi ça sert ?
Les créateurs de marque pensent souvent qu’un simple dessin ou une photo de produit existant va suffire à donner assez d’indications à la modéliste pour réaliser un prototype digne de leurs attentes.
Mais un vêtement est un objet très complexe avec de multiples détails et la fiche technique permet de rentrer dans ce détail pour montrer ces multiples facettes : couleurs, finitions, volumes, fournitures, graphisme…
Plus la fiche technique sera détaillée, plus on aura de chance d’avoir un prototype réussi.
Les 3 étapes pour faire une fiche technique
Réfléchir au modèle
La première étape est créative, il faut définir précisément quel(s) vêtement(s) on veut réaliser pour cette collection. Pour cela, on va faire ce qu’on appelle des shoppings, qui vont nous aider à trouver l’inspiration. L’idée n’est pas de copier la concurrence, mais d’acheter des vêtements qui nous intéressent pour une composante : une matière, un détail de finition, un volume de manche…
Il faudra aussi penser le modèle en fonction de la collection d’une manière globale :
- Dans quelle gamme de prix s’inscrit mon vêtement ? Entrée de gamme ? Milieu de gamme ? Ou produit image ?
- Quelle utilité au sein de la collection ? Vêtement de soirée ? Vêtement homewear ?…
- Est-ce qu’il se marie bien avec les autres pièces en termes de look et de couleur ?
- Est-ce que la matière est aussi utilisée sur d’autres pièces pour éviter un surcoût ?
Une fois que l’on commence à avoir une idée précise de ce que l’on veut, on peut dessiner le modèle à la main ou sur ordinateur, en prenant bien le temps de réfléchir aux moindres détails comme les zips, les boutons, la doublure, les poches…
Il faut procéder comme cela pour chacun des modèles et ainsi créer ce que l’on appelle un plan de collection. Vous trouverez ci-dessous l’exemple d’une collection fictive que j’avais réalisée pour mon projet de fin d’étude. Dans un plan de collection, une certaine logique est nécessaire :
- On met les pièces de dessus tout en haut, puis les hauts, puis les bas.
- Chaque modèle a un petit encart pour donner différents détails comme sa couleur, son prix, sa référence…
- On essaye aussi de mettre les modèles à l’échelle pour ne pas donner l’impression que le tee-shirt est plus grand que le pantalon par exemple.
Dessin du modèle devant et dos
Une fois qu’on a une bonne idée des modèles, il est temps de passer sur ordinateur pour dessiner les vêtements de manière professionnelle.
En effet, la plupart des stylistes de marques de mode dessinent sur ordinateur avec le logiciel de la suite Adobe Illustrator. Les avantages par rapport au dessin papier sont les suivants :
- un gain de temps car on peut réutiliser des formes pour les adapter au nouveau modèle.
- on peut facilement décliner le modèle dans différents coloris et faire des tests.
- le dessin est bien symétrique et permet d’éviter les erreurs.
Un dessin technique doit respecter certains codes comme celui de montrer le vêtement à plat devant et dos, il est en noir et blanc et il doit être symétrique (sauf si le modèle est asymétrique).
Pour compléter celui-ci, on peut montrer une vue de côté, des zooms (du col, d’une finition…) et montrer la vue intérieure du modèle avec sa doublure.
Finaliser la fiche technique
Une fois que les dessins sont terminés, il ne reste plus qu’à ajouter les détails dont je parlais précédemment. Il faudra par exemple qu’il y ait une légende pour que l’on comprenne en un coup d’œil les différents tissus utilisés.
Il est aussi important de mettre en haut de votre fiche une cartouche de présentation qui rappelle le nom du modèle, le nom de la marque, si c’est un vêtement mixte, ou de la femme ou de l’homme adulte ou de l’enfant et la gradation.
On ajoutera aussi des fléchages pour expliquer le type de col, les coutures, une finition particulière… Encore une fois, plus il y a de détails, mieux c’est.
Il faut aussi donner une idée du volume souhaité : plutôt loose, avec les manches descendues, un effet boule ou trapèze… Pour cela, il peut être intéressant de faire un dessin de mode donnant une idée du volume portée, ou bien de montrer une photo d’un autre vêtement qui se rapproche de ce que l’on souhaite (sans tomber bien sûr dans la copie).
Pour mon client Pomecha, j’ai mis dans la fiche technique les deux silhouettes dessinées des ensembles que j’ai imaginés pour que le bureau d’études puisse comprendre le rendu souhaité. Cela nous a permis dès les premiers modèles reçus d’être très contents du rendu.
Pourquoi passer par un expert pour réaliser la fiche technique ?
La plupart du temps, les créateurs de marque pensent qu’un simple dessin suffit amplement pour se faire comprendre de la modéliste.
Cela peut se comprendre si vous faites réaliser un simple tee-shirt. Mais par exemple, pour le premier tee-shirt que j’ai développé avec mon client de la marque de sport Bomolet, nous avons eu besoin de 3 prototypes avant d’arriver au rendu souhaité. Pour des pièces très simples, il ne vous sera peut-être pas utile de passer par une styliste. Mais dès que l’on veut réaliser des vêtements plus complexes, il est beaucoup plus compliqué de se faire comprendre des professionnels.
Cela ne vous viendrait pas à l’idée de faire construire une maison en dessinant vous-même vos plans, vous avez besoin du regard professionnel de l’architecte ? Et bien c’est la même chose pour mon métier, je suis l’architecte, et la modéliste est la maître d’œuvre qui va permettre de réaliser concrètement le projet. Je vais donc vous donner 3 raisons de passer par une styliste avant de rencontrer votre modéliste.
Raison 1 : imaginer un modèle réalisable
La première erreur que je remarque quand des personnes développent eux-mêmes leur produit, c’est de n’avoir aucune connaissance du prix que cela va coûter. Il s’agit parfois de produits complexes, qui nécessitent des mois de développement. À l’arrivée, le vêtement est impossible à commercialiser car le prix de revient est aberrant.
Le créateur doit donc enlever des d’éléments du vêtement et obtient finalement un produit qui ne correspond pas à ses attentes.
Ce fut le cas d’une des élèves de ma formation :
“Créer ma propre marque de mode a toujours été mon plus grand rêve et avant la formation de Louise, malgré ma persévérance et toute la bonne volonté du monde, j’ai fait beaucoup d’erreurs par manque de connaissances, ce qui m’a coûté très cher en temps et en argent.”
AYAAN en cours de création de sa marque de mode éthique.
Elle n’avait pas pensé à une collection facile à développer et surtout rentable.
Elle était partie sur des vêtements coup de cœur qui lui faisaient plaisir.
Malheureusement quelques mois plus tard, les vêtements ne sont toujours pas développés, et elle a dû avancer de grosses sommes d’argent qu’elle ne peut pas encore récupérer (voir qu’elle ne récupérera jamais).
Son erreur lui a coûté cher.
Aujourd’hui, elle a donc décidé de repartir de zéro et suivre ma formation Modulab pour ne plus faire d’erreur et acquérir l’expérience de quelqu’un qui vient du milieu.
Je te laisse découvrir ce qu’elle en pense :
“La formation Modul Lab est indispensable si tu souhaites partir sur de bonnes bases et créer ta marque éthique en partant de zéro. En quelques modules tu auras toutes les connaissances pour transformer ton idée en un réel projet avec une vision claire et structurée et surtout tu vas pouvoir éviter de faire de grosses erreurs qui peuvent tout gâcher !
Tu repartiras avec toutes les clefs pour pouvoir concrètement et sereinement planifier ton lancement et passer à l’action, le tout en développant un état d’esprit gagnant.
L’accompagnement de Louise est bienveillant, honnête et humain, pas de promesses dans le vent !
Alors si tu es prêt(e) à investir en toi et en tes rêves, à enfin sauter le pas et donner le meilleur de toi-même n’hésite plus ! “
Même si tu pars de 0 et que tu ne connais rien à l’industrie de la mode.
- Crée la collection de vêtements de tes rêves.
- Fais un métier qui a du sens pour contribuer de manière plus juste au monde et faire un pied de nez à la fast fashion.
- Trouve facilement tes premiers clients grâce à une campagne de crowdfunding.
En tant que professionnelle textile, je vous apporte mon expérience et ma connaissance industrielle. J’ai travaillé pour de grands groupes comme Kenzo et Cyrillus qui ne font pas l’impasse sur leur marge. J’ai donc appris à développer ma créativité tout en respectant un cahier des charges en termes de prix et de faisabilité industrielle.
Passer par une styliste c’est gagner du temps et de l’argent !
Raison 2 : faire une fiche technique conforme et complète
La deuxième raison est de connaître le langage spécifique de la mode. Avant de devenir styliste, j’ai fait 4 ans d’étude, qui m’ont permis d’apprendre le vocabulaire et surtout un langage visuel propre à la mode.
Par exemple, êtes-vous capable de représenter le type de couture que vous souhaitez par un simple dessin ? C’est une compétence essentielle dont on se sert très souvent dans le milieu. On appelle cela des sections dans le jargon du textile.
Ajoutons à ça le savoir à connaître en matière de textile (les fibres, les armures…), puis de forme (type de col, type de fermeture…) et de finitions (teinture, apprêt…). Il y a de grandes chances que si vous faites vous-même votre fiche technique, il vous manquera des informations importantes.
Passer par une styliste, c’est garantir une fiche technique conforme, professionnelle et complète.
Raison 3 : un modèle commercial et dans l’air du temps
Et dernier point, qui est finalement l’essence de mon métier, c’est de vous garantir un vêtement avec du style, un vêtement créatif qui va se démarquer de la concurrence tout en restant dans l’air du temps et qui va correspondre aux besoins de votre client.
Et je peux vous garantir que ce n’est pas un exercice facile. Quand j’étais chez Cyrillus et qu’on me demandait de renouveler une énième robe liberty, il me fallait user de toute ma créativité pour trouver de nouvelles idées tout en collant à l’univers de la marque.
Passer par une styliste c’est donc garantir une collection à la fois créative, commerciale et dans l’air du temps.
Comme tu l’auras compris, faire une fiche technique ne s’improvise pas et demande de multiples connaissances. Si tu sens que tu aurais besoin d’être accompagné sur ce point, j’ai créé “Main dans la mode” un accompagnement de 3 mois pour imaginer ta première collection de A à Z.