Tu aimerais bien utiliser des tissus écoresponsables pour limiter l’impact de ta marque de mode éthique sur la planète ? 🌱
Mais quand tu te retrouves face aux fournisseurs à devoir choisir les tissus pour ta collection de vêtements, c’est une autre paire de manches (sans mauvais jeu de mots 😅).
Et si je te proposais une solution à la fois économique et éthique ?
Dans cet article on va donc découvrir la nouvelle pratique chez les marques de mode éthique en 2023 qui explose : l’utilisation de stock dormant de tissu.
Qu’est-ce qu’un stock dormant de tissu ?
L’origine des stocks dormants
Les stocks dormants ou dead stock ou encore fin de rouleau sont des rouleaux de tissu ou des fournitures textiles entreposés dans les hangars des fournisseurs sans être utilisés, voire même qui finissent par être jetés ou brûlés (merci la loi AGEC qui interdit cette pratique depuis quelque mois).
Si tu préfères, c’est un peu comme ta grand-mère qui fait des stocks de conserve de petits pois depuis 10 ans, et qui ne les utilise jamais. 😅
Il y a plusieurs raisons qui peuvent entraîner ces stocks invendus :
- l’annulation d’une commande par un client qui change d’avis comme de chemise
- un tissu non conforme avec un défaut qui ne répond pas aux critères qualités de la marque (un peu comme les fruits moches que l’on jette car ils n’ont pas le bon calibre…)
- une couleur qui n’est pas la bonne
- un surplus de production
- ou encore un reste de métrage qui n’est pas assez conséquent pour être vendu à un niveau industriel…
La différence entre upcycling et stock dormant
Quand on parle de stock dormant, il ne faut pas le confondre avec l’upcycling.
L’upcycling c’est la transformation d’un vêtement/produit déjà existant en un nouveau produit. Souvent les marques utilisent des vêtements invendus ou se fournissent via les bornes de tri de vêtements.
La marque Losanje a développé toute une méthode pour faire de l’upcycling à un niveau industriel (car le challenge est souvent de ne pas être rentable en faisant tout pièce par pièce) à tel point qu’elle a décidé de créer un bureau industriel spécialisé dans l’up-cycling pour partager ses méthodes.
Autre exemple, avec mes clientes “Les Gambelles” qui récupèrent des hauts pour les transformer via différentes techniques : broderie, sérigraphie, glissière qui raccourcit le modèle…
L’upcycling c’est un peu de la seconde main que l’on va venir pimper et transformer.
C’est comme quand tu étais petite et que tu rajoutais des pin’s sur tes affaires ou que tu dessinais sur tes Converses.
À l’inverse, un stock dormant est un tissu qu’on va utiliser pour faire un nouveau vêtement. On va suivre tout le cheminement classique de la confection d’un vêtement : dessin de la styliste, création du patronage par le modéliste, prototypage, puis production.
L’upcycling, c’est la démarche inverse, on va partir d’un vêtement déjà produit, puis on va se demander comment on peut le transformer.
On pourrait presque dire que c’est une sous-catégorie de l’upcycling.
La marque “Chou2” utilise par exemple les stocks dormants de tissu de maison de haute couture pour fabriquer ses chouchous (avec ses chouchous tu peux dire à tes copines que ta tête est digne d’un défilé de haute couture 😅).
Encore plus innovant, la marque “909 upcyclings” utilise des tentes pour les transformer en vêtements de pluie. Chaque manteau est unique et numéroté car il faut à chaque fois s’adapter à la forme de la tente.
Stock dormant de tissu : 3 grands avantages
Avantage N°1 : Favoriser l’économie circulaire
Le premier avantage et pas des moindres c’est bien sûr l’aspect écoresponsable puisque tu favorises l’économie circulaire en évitant à ces stocks dormants de finir à la poubelle.
L’économie circulaire porte bien son nom, car en définitive c’est le fait que les ressources continuent de “tourner” dans la société et ne sont donc pas jetées et gaspillées.
Dans cette économie, on cherche à limiter le plus possible les déchets. C’est un peu comme ce qu’on te disait en cours de chimie “Rien ne se perd tout se transforme.”
Et cette démarche est aujourd’hui une obligation légale, puisqu’avec la loi AGEC, les marques de mode et metteurs en marché doivent écrire un plan de prévention et d’écoconception. D’après l’article L. 541-10-12., tout producteur est tenu d’élaborer et de mettre en œuvre un plan de prévention et d’écoconception ayant pour objectif de réduire l’usage de ressources non renouvelables, d’accroître l’utilisation de matières recyclées et d’accroître la recyclabilité de ses produits dans les installations de traitement situées sur le territoire national.
Pour résumer, c’est un plan d’action de ton engagement écoresponsable. Un peu comme quand tu te fixes des objectifs en début d’année. Tu n’as pas l’obligation de réussir ces objectifs, mais tu dois rendre des comptes chaque année à l’État. Si tu veux en savoir un peu plus, tu peux consulter le site de Refashion qui t’expliquera en détail le plan de prévention et d’écoconception.
Avantage N°2 : Forcer la créativité
Au départ, on pourrait un peu voir ça comme une contrainte. Et d’ailleurs, en tant que styliste, quand mes clients m’imposent des matières, je commence par râler en me disant qu’on me prive de choisir de jolies matières.
Puis au bout de 5 minutes, finalement les idées viennent et ma créativité est stimulée.
Contrairement à ce que l’on croit, il est plus facile de créer quand on a un cadre imposé, que quand on a une totale liberté. C’est ce qu’on peut aussi appeler le syndrome de la page blanche.
Partir de rien c’est assez déroutant pour ton cerveau.
Et puis au-delà de ça, il y a aussi l’idée que ce ne sont plus les tendances qui vont dicter ton cadre de réflexion mais les matières et les fournitures mises à ta disposition.
La marque Maéli a par exemple créé des sweats ultra-originaux, auxquelles elle n’aurait certainement pas pensé si elle était partie de stocks de tissu classique. Ces vêtements ont un style vintage plein de cachet et d’authenticité !
Avantage N°3 : Une matière première plus économique
Et oui, c’est logique. Si les fournisseurs ont prévu à l’origine de jeter ces matières, c’est qu’ils sont prêts à les céder à un prix beaucoup moins élevé.
Tu peux en plus acheter des quantités beaucoup plus faibles que si tu t’adresses à un fournisseur classique. En effet, la plupart des fournisseurs de tissu pratiquent des MOQ (minimum quantity order, ou minimum de quantité en français) qui obligent en général à acheter au moins 100 mètres de tissu (voir beaucoup plus).
Pour une jeune marque de mode qui débute comme toi, c’est donc tout bénéf’, tu peux à la fois faire un geste pour la planète et maîtriser ton budget.
Avantage N°4 : Eviter de passer par la case recyclage
Le dernier argument, auquel on pense moins, est d’éviter de passer par la case recyclage. Pour mieux comprendre, j’aimerais te donner la définition exacte du recyclage textile :
Le fait de récupérer une matière (par exemple des bouteilles en plastique, ou de vieux tee-shirts en coton, ou des fins de rouleau) et de les transformer chimiquement ou mécaniquement pour en faire une nouvelle matière.
Ce processus va donc demander de l’énergie et des ressources, alors qu’on avait à l’origine peut-être une matière qu’on aurait pu réutiliser en l’upcyclant.
Le recyclage utilise de nouvelles ressources, alors que les stocks dormants se servent de l’existant.
Bien sûr l’upcycling est possible avec une matière d’origine de bonne qualité et bien conservée (et encore même cette vision est discutable, car on peut aller encore plus loin et réparer la matière défectueuse).
Le recyclage prend tout son sens, quand il est pensé pour se servir de déchets, comme le fait par exemple mon client Bomolet en utilisant des bouteilles de plastique pour faire des tee-shirts de running.
Feat.coop, la marketplace qui réveille les stocks dormants
Une coopérative qui trouve des solutions
Maintenant que tu es convaincu(e) que les stocks dormants peuvent être une solution pour faire le sourcing de ta marque de mode éthique, j’aimerais te présenter la solution proposée par feat.coop.
F.e.a.t. ça veut dire « Faciliter l’Emergence d’Alternatives Textiles », en résumé c’est une coopérative fondée par Tim et Tristan qui a pour objectif de valoriser les stocks dormants de la région Auvergne Rhône-Alpes.
Ils sillonnent ainsi toute la région pour dénicher les pépites qui dorment dans les placards des fournisseurs. Ils ont élaboré cette solution en menant une enquête auprès de 14 industriels très intéressés de trouver enfin un moyen de revaloriser leurs stocks.
Suite à cette enquête, ils ont découvert qu’il y avait plus de 365 000 mètres de tissus dormants qui attendaient bien sagement que quelqu’un vienne les sauver ! Aujourd’hui la coopérative recense 16 partenaires industriels et ne cesse de grandir chaque jour.
C’est aussi pour eux une façon de mettre en avant le savoir-faire local de région Rhône alpes. On connaît tous le célèbre métier jacquard inventé par le lyonnais Joseph-Marie Jacquard en 1801 (qui aujourd’hui a évolué vers des machines beaucoup plus performantes et surtout automatisées), ou encore la soierie lyonnaise qui sont tous deux encore très présents dans la région.
Ils essayent aussi à leur échelle de faire la cause d’une mode plus vertueuse en participant à des actions collectives en partenariat avec Maison Mabille, Sans façon ou encore Fashion Green Hub.
Les stocks dormants à porté de main
Maintenant que tu as bien compris l’ambition de Feat.coop, tu dois te demander en quoi cela peut être utile pour toi en tant que marque de mode éthique.
Et bien Feat coop a créé une marketplace qui va te permettre d’acheter à la découpe ou au rouleau ces fameux stocks dormants qu’ils ont récupérés chez les fournisseurs de la région. Feat coop propose également des fournitures comme des rubans, des cordons, des élastiques, et des boutons.
Le fonctionnement est très simple :
- soit tu fais les achats en ligne directement sur le shop de Feat Coop,
- soit tu prends un rendez-vous de 45 minutes dans leur showroom lyonnais.
Et si tu es un peu perdu et que tu as du mal à choisir les tissus de ta collection, Feat coop a pensé à tout ! Il organise régulièrement un atelier textile “matière et étoffe” à destination des professionnels novices ou déjà un peu confirmés pour reconnaître les différentes étoffes, dialoguer correctement avec les industriels textiles, et faire des choix de matière écoresponsable.
Je pense que tu es désormais convaincu par l’utilisation des stocks dormants qui permet à la fois de limiter ton impact, tout en bénéficiant d’une matière de qualité à un coût réduit.
Alors si tu veux toi aussi faire bouger les choses, et agir pour un monde de la mode plus vertueux, direction le site de Feat.coop. 👇