Créer sa marque de vêtements en 3 étapes : étude de cas avec Blaune

Un message pop sur mon LinkedIn. 🧐

Nelly Dire, une jeune étudiante, rêve de monter sa marque de mode éthique !

Mais il y a un petit problème : malgré la grande motivation qu’elle a, elle n’y connait rien du tout dans l’industrie textile….

Je vais ainsi vous expliquer comment j’ai aidé Blaune à lancer sa marque de vêtements en 3 étapes. 🤓

Créer sa marque de vêtements, les questions à se poser

Les questions de Nelly, fondatrice de la marque Blaune

conversation linkedin
Et c’est ainsi que nait notre partenariat avec Nelly, qui m’envoie un message sur LinkedIn pour me “poser quelques questions.”

Aux prémices du projet, Nelly avait en tête de créer sa marque de vêtements éthiques qui permettrait aux stylistes et créatifs de poster en ligne les croquis des pièces qu’ils imaginent. Les internautes voteraient pour leurs pièces préférées, et Blaune s’occuperait de la production et de la vente des pièces ayant le plus de succès grâce à un système de précommande.

Tout cela s’inscrirait également dans une démarche responsable à travers un sourcing et une production de proximité, une utilisation de matières naturelles et/ou recyclées, ainsi que le respect des droits des travailleurs.

Bien sûr ce projet n’était encore qu’à l’état d’idée, et elle se posait de nombreuses questions :

  • Qu’est-ce que je pensais de son projet ?
  • Est-ce qu’il me semblait viable ?
  • Comment rémunérer les stylistes ? Est-ce qu’il fallait payer uniquement les stylistes aux croquis sélectionnés ?
  • Est-ce qu’elle devait imposer un cadre de création aux stylistes ?
  • Comment avoir une cohérence de marque alors que plusieurs stylistes vont faire des propositions ?
  • Comment faire pour ne pas mettre les stylistes en concurrence entre elles et eux ?
  • Comment trouver les matières ? Faut-il les faire développer ou bien commander d’après des stocks existants ?

Mon expertise pour aider Nelly à créer sa marque de vêtements

Heureusement pour Nelly, elle était tombée au bon endroit pour créer sa marque de vêtements. 😉

Après avoir travaillé comme styliste pour plusieurs grandes marques comme Cyrillus et Kenzo, puis pour la marque éthique Bomolet, j’allais pouvoir lui dévoiler les 3 grandes étapes qu’il fallait pour créer sa marque de vêtements !

Étape 1 pour créer sa marque de vêtements : Définir son ADN

La phase d’ébullition

Pour créer sa marque de vêtements, la première étape va être de définir son ADN de marque. L’ADN de marque est tout ce qui permet de déterminer l’identité d’une marque, ce qui la caractérise tels que ses valeurs, son style, sa mission, sa cible…

Pour débuter cette étape, j’aime bien faire ce que j’appelle la “phase d’ébullition”. Le but ? Ne se mettre aucune barrière, se poser tout un tas de questions, collecter des inspirations, des idées écrites, faire des mindmaps. En somme, l’idée est de collecter des inspirations et des données qui pourront nous aider à définir notre ADN de marque.

Tout au long de ce cheminement, on discute énormément avec Nelly, je lui pose beaucoup de questions et je n’hésite pas à lui envoyez des choses dès que ça m’inspire.

Nelly n’étant pas la seule à être perdue, je me suis vite rendu compte qu’il y avait un véritable besoin. J’ai donc créé une formation MODULAB pour les créateurs de marques de mode, avec une méthode pas à pas qui t’aide à te poser les bonnes questions pour créer ton ADN de marque.

La phase de recentrage

Une fois que j’ai réussi à vraiment cerner le projet de ma cliente, on passe à une phase de recentrage. C’est le moment où je vais synthétiser toutes ses informations à travers un document qu’on appelle la plateforme de marque. Ce document permet de créer une base solide qui va te guider tout au long du projet. Il n’est pas figé, mais permet d’avoir une vision d’ensemble qui nous guide et nous aide à prendre des décisions.

Avec Nelly, on a ainsi pu définir différents points clés tels que :

  • les valeurs de sa marque,
  • la mission de sa marque,
  • la vision de sa marque,
  • la cible à qui elle allait vendre ses vêtements,
  • les typologies de produits qu’elle allait vendre,
  • le vestiaire et le style de sa marque,
  • le moyen de distribution principal.

Ce document l’a vraiment débloquée et lui a permis d’y voir plus clair pour concrétiser sa vision de Blaune. Elle a pu définir ensuite facilement son identité graphique avec son logo, sa gamme couleur et ses typographies.

moodboard Blaune
ADN de marque Blaune
La définition de la plateforme de marque est aussi essentielle pour moi en tant que styliste, pour que je puisse faire mon travail correctement et imaginer les pièces de sa collection.

Étape 2 pour créer sa marque de vêtements : Imaginer les pièces de sa collection

Maintenant nous allons pouvoir passer à la seconde étape, imaginer une des pièces de sa collection !

Pour rappel, l’essence de Blaune est de créer sa marque de vêtements en mettant en avant des stylistes qui vont proposer plusieurs versions d’un même modèle. Les internautes votent ensuite pour leurs pièces préférées et la marque développe le modèle sélectionné grâce à un système de précommande.

Nelly a donc décidé de me faire confiance pour dessiner une des prochaines pièces de la collection : un sweat ! 🤩

Création du moodboard, outil essentiel pour créer sa marque de vêtements

Pour réussir à faire une collection cohérente qui répond à la plateforme de marque et à sa cible, il est essentiel de faire un moodboard, aussi appelé planche d’ambiance.

Un moodboard est une planche avec des images, des couleurs, des matières et des formes qui vont permettre de représenter un concept ou une idée de manière visuelle.

Si par exemple je veux faire une collection sur le thème de la mer et des vacances, je peux rassembler des images de paysages de bord de mer, des motifs marins, un tissu qui évoque la forme des vagues, une gamme couleur dans les bleus, des photos des parasols de Deauville…. Plein d’éléments qui vont venir nourrir ma réflexion et les modèles des vêtements de la collection.

styliste moodboard
Voilà quelques étapes clés pour réussir un moodboard comme un chef !

    1. Faire des recherches et récolter plein d’images

Chercher un maximum d’images sur Pinterest ou dans des magazines, sans trop réfléchir. Tu peux rassembler aussi des bouts de tissu, des boutons, des couleurs. En somme, tout ce qui peut parler de l’univers de ta collection.

    1. Trier ses images

Ensuite, c’est le moment de trier. Pour chaque élément, tu vas te demander pourquoi il t’intéresse. Tu vas te rendre compte qu’il y a des images qui se recoupent, d’autres qui n’expriment pas vraiment ce que tu veux dire. On va à l’essentiel ! Pas besoin d’avoir deux images qui disent la même chose, on sélectionne la plus percutante.

    1. Affiner sa recherche

Il ne reste plus qu’à mettre en page sur papier ou sur ordinateur. N’hésite pas à compléter si tu as l’impression que des choses manquent. On peut aussi venir retoucher certaines photos pour qu’elles soient parfaitement dans l’ambiance de la planche.

Dessiner les idées de modèles

Une fois qu’on a fait son moodboard, ma phase préférée peut commencer ! 😍 Si tu es curieuse de découvrir comment je travaille je t’invite à voir la vidéo çi-dessus ou j’y montre pas à pas ma méthode de travail en tant que styliste de mode. 

C’est le moment où je vais dessiner les croquis des modèles pour Blaune à la main.

J’ai tendance à avoir de nombreuses idées. Je fonctionne comme ça depuis la création de ma première collection : je ne me mets pas de barrières au début et je dessine toutes les idées qui me passent pas la tête, toujours en ayant mon moodboard sous les yeux.

Je sélectionne ensuite les quelques modèles qui me semblent les plus cohérents et aboutis. Maintenant, il va falloir que je décide de la couleur du modèle et pour cela, il faudra que je sélectionne ce qu’on appelle une couleur pantone.

Pantone est une marque déposée qui répertorie des couleurs pour les professionnels dans des books dédiés à chaque domaine du design. Il existe des books Pantone pour le textile, pour la décoration, pour l’impression…

Par exemple, si je décide de donner le code 17-2617 TCX à mon fournisseur, il saura grâce à ce code quel est le dosage exact dont il a besoin pour teindre mon tissu. Bien sûr, ce n’est pas une science exacte. Le fournisseur va donc m’envoyer plusieurs propositions de tests couleur que je devrais valider, c’est ce qu’on appelle des labdips.

labdip textile
labdip textile
J’ai ensuite choisi la matière du sweat grâce aux recherches de molleton que Nelly avait faites. Je l’ai guidée pour qu’on choisisse ensemble le bon grammage (= poids du tissu) et la bonne qualité pour qu’elle dure dans le temps.

J’ai également réfléchi aux détails signatures qui feront qu’on reconnaitra que c’est un sweat Blaune au premier coup d’œil. Par exemple, j’ai joué avec une gamme de couleur assez fraiche et rétro, et j’ai ajouté en détail un passe-poil pour habiller le volume loose du sweat.

Nelly a ensuite sélectionné deux sweats qui lui ont tapé dans l’œil et les a soumis au vote de sa communauté. C’est le sweat bleu pale avec les passe-poil qui est ressorti vainqueur !

bureau styliste

Faire la fiche technique des produits de sa marque de vêtements

Une fois que Nelly et moi nous sommes décidées sur le bon modèle, on se met d’accord sur quelques détails pour que je puisse faire ce qu’on appelle la fiche technique.
fiche technique Blaune
La fiche technique, c’est un peu la carte d’identité de ton vêtement. Elle va permettre aux différents intervenants (fournisseur, modéliste, couturier…) de comprendre ton modèle et de réaliser exactement l’idée que tu as dans ta tête.

Dedans doit y figurer différents éléments importants :

  • dessin technique noir et blanc du modèle devant et dos
  • nomenclature avec les matières et les fournitures qui composent le vêtement
  • fléchage qui explique toutes les finitions et le montage
  • zoom(s) et une vue intérieur si besoin
  • tableau de mesure (optionnel)

Cette fiche technique est vraiment primordiale car elle permet :

  • à la modéliste de comprendre ton produit pour faire le bon patronage,
  • à l’atelier de confection de comprendre le produit et de chiffrer son cout de fabrication,
  • aux couturiers de comprendre également le produit et de correctement le monter,
  • aux acheteurs et développeurs de connaitre touts les éléments à acheter (métrage tissu, fourniture, étiquette…) grâce à la nomenclature.

Création du prototype du vêtement

Quelques semaines après l’envoi de la précieuse fiche technique, l’atelier nous transmet le premier prototype. On l’essaye avec joie avec Nelly ! 🎊

Il est plutôt pas mal pour un premier essai. 🧐

Mais il reste plusieurs choses à modifier :

  • col trop dégagé et qui rebique,
  • volume pas assez loose,
  • hauteur globale trop courte….

On relance donc un second prototype à partir de nos commentaires, et au troisième coup c’est le bon !

bureau d'étude
Prototype sweat Blaune

Étape 3 pour créer sa marque de vêtements : la production

Maintenant qu’on a finalisé le prototype, on peut lancer la phase de production et de commercialisation pour que Nelly termine de créer sa marque de vêtements.

Lancer les pré-commandes

Nelly a décidé pour sa marque de vêtements d’utiliser un mode de production vertueux, celui de la pré-commande. Le principe, on fait un shooting photo à partir des prototypes validés. Les clients commandent le sweat s’il leur plait à partir des photos, puis on produit seulement ce qui a été commandé. C’est un très bon moyen d’éviter le sur-stock. Si ce sujet t’intéresse je t’invite à aller voir mon article sur les nouveaux modes de production.

Grader le produit avec le modéliste

En parallèle des pré-commandes, la modéliste va grader le produit sur les différents tailles. En somme, elle va transformer le patron pour qu’il s’adapte à une taille XS, S, M, L, XL… Contrairement à ce qu’on peut penser, ce n’est pas une partie si simple car la morphologie de chaque corps est très différente, il faut donc réussir à créer le modèle qui s’adaptera facilement à une grande diversité de corps.

Il existe aussi des marques de vêtements qui s’adaptent à un type de morphologie en particulier. Par exemple Sœur Paris est connue pour tailler pour les petites personnes.

Au fur et à mesure des collections, tu vas réussir à créer ta propre gradation, je te conseille pour cela de choisir une personne qui possède la morphologie type de ton ou ta cliente, et d’essayer tous les modèles sur elle.

patronnage
Une fois les gradations finalisées, tu vas pouvoir lancer les têtes de série. Une tête de série, c’est un vêtement finalisé de chaque taille que tu as développée. Elles te permettent de valider la gradation et de lancer la production. Ton confectionneur devra respecter les têtes de série que tu as validées, sous peine de lui refaire faire la production.

Enfin, commercialiser son produit !

La dernière phase c’est bien sur de vous envoyer les sweats dans vos boites au lettres !

Même si Nelly a choisit la pré-commande comme système de production, elle va fabriquer quelques tailles en plus pour permettre les échanges de taille. Il est donc impossible d’avoir un stock qui correspond parfaitement à la demande.

sweat blaune
Vous avez ainsi pu découvrir à travers cet article comment j’ai accompagné Nelly de A à Z dans la création de sa marque de vêtements.

Vous aussi, vous avez envie de lancer votre marque de vêtements et besoin d’être accompagné ? Envoyez-moi un message pour découvrir mes services !